Si acheter c’est voter, voter, c’est aussi voter !

31 janvier 2025
Charles-Antoine Bachand

Il est écrit dans le ciel, en ce début 2025, que nous ferons face à des élections fédérales vers la mi-mars.

Personne n’est réellement enchanté par de nouvelles élections, surtout que les perspectives d’un changement réellement significatif, si elles sont bien réelles, ne semblent pas tendre vers des mesures environnementales plus vigoureuses ou ambitieuses.

Il est bien triste de devoir admettre que, somme toute, malgré ses pipelines, malgré ses nouveaux chantiers d’exploration pétrolifère et ses attaques sur les terres ancestrales de plusieurs communautés autochtones, les gouvernements successifs de Trudeau fils ont sans doute été les moins pires que nous ayons eus dans l’ère moderne sur le plan environnemental.

Dans les prochains mois, les écologistes devront batailler ferme pour ramener les enjeux environnementaux au centre du débat politique. Avec le duo Trump et Musk qui semble nous obnubiler toutes et tous (qui se souvient que dans les années 1990, nous étions plusieurs progressistes à militer contre le libre-échange ? Les zapatistes au Mexique, qui sont entrés en résistance active en janvier 1994, résistent toujours), il est fort à parier que le commerce avec les États-Unis – parce qu’il n’est pas nécessairement question de l’Économie avec un É majuscule, mais bien du commerce – occupera toute la place médiatique.

Pourtant, comme le rappelaient plusieurs chercheur·euses du GIEC, il y a de ça quelques mois à peine, la principale action à prendre en faveur de la lutte contre les crises climatiques et environnementales demeure de voter ! « La plupart des expert·es (76 %) ont recommandé de voter pour des représentant·es et des partis politiques qui s’engagent à prendre des mesures énergiques en faveur du climat, dans le cadre d’élections équitables. » (The Guardian, 9 mai 2024).

L’idée n’est bien entendu pas que le vote à lui seul est une action quasi révolutionnaire, mais bien davantage que dans l’état actuel des choses, il est fondamental que nos élu·es soient parmi ceux et celles qui comprennent l’urgence d’agir, la priorité que les citoyen·nes accordent à cette question et qu’elles et ils soient à même de prendre des actions et de légiférer de façon courageuse pour une plus grande justice et une plus grande solidarité environnementale.

En 2025, la tâche ne sera pas simple. Et la défaite des idées environnementales est plus que probable. Cela dit, comme le philosophe Bryan R. Warnick (2023) le défendait, il est sans doute temps de miser sur un activisme tragique plutôt que sur un optimisme un brin simpliste. Edgar Morin, sociologue et résistant de son état, rappelle à qui veut bien l’entendre que résister est toujours utile et nécessaire. Le pire, s’il est probable, n’est sans doute pas garanti et sûrement pas avéré. Cela dit, si le pire n’est pas garanti, il n’est pas impossible non plus. Les crises actuelles n’auront pas de solutions réelles, justes et solidaires sans une volonté populaire représentée, faute de mieux, par les différents paliers de gouvernement.

La bataille de mars et avril 2025 sera intense. L’Anthropocène n’attendra pas la fin du mandat de Trump ou la fin de l’éventuel mandat de Poilievre. Ce sera l’occasion de rappeler l’urgence d’agir et ensuite, advenant une défaite de ses idées, de résister encore plus vigoureusement.